Les habiletés dites de pleine conscience ("mindfulness") aideraient à la surmonter la procrastination, rapporte le psychologue Timothy A. Pychyl de l'Université Carleton (Ottawa, Canada) dans le magazine Psychology Today.

La pleine conscience est généralement définie comme consistant à porter intentionnellement attention aux expériences internes (sensations, émotions, pensées, états d'esprit) ou externes du moment présent sans porter de jugement de valeur.

Une étude, menée avec 300 étudiants par un chercheur de l'équipe du Pr Pychyl, Mario Dosa, précise les facettes de la pleine conscience qui aideraient à éviter l'échec de régulation de soi-même qu'est la procrastination.

Confirmant des études précédentes, il a constaté que la procrastination était liée à une faible disposition à la pleine conscience et une faible tendance à être consciencieux (1).

Pour ce qui est de la consciencieusité, il est facile de comprendre que le fait d'être travaillant, organisé et planificateur amène à moins procrastiner. En fait, par définition, une personne consciencieuse a de bonnes capacités de régulation d'elle-même.

En ce qui concerne la pleine conscience, l'influence de cinq composantes (proposées par Baer et al. en 2006) a été examinée. Ces composantes sont:

- l'observation des sensations, perceptions, pensées et émotions;
- l'identification avec des mots;
- la non-réactivité à l'expérience intérieure;
- le non-jugement de l'expérience (constater sans condamner);
- l'agissement avec conscience.

Chacune de ces composantes étaient liée à une moins grande tendance à la procrastination.

La composante "agir avec conscience" notamment était forte chez les participants qui procrastinaient peu. Une personne qui agit avec conscience, commente le chercheur, maintient le focus sur ses buts ainsi que sur l'écart entre la situation actuelle et son but. Cet écart peut motiver à agir en temps opportun, particulièrement si la personne est capable de maintenir une position d'acceptation des émotions négatives face à une tâche difficile ou aversive (composantes de non réactivité et de non jugement). Cette capacité d'accepter les expériences internes négatives sans y réagir outre mesure afin de maintenir la capacité d'agir comme souhaité a été appelée flexibilité psychologique.

Dans une autre étude, publiée cette année, Pychyl et Fuschia Sirois (Université Bishop's, Sherbrooke, Québec) soulignaient que la procrastination est un échec de régulation de soi-même qui consiste à accorder une priorité à la régulation de l'humeur à court terme, ce qui n'est pas sans conséquences négatives.

(1) La consciencieusité (et son contraire) fait partie des cinq facteurs de la personnalité selon un modèle qui constitue un grand classique de la recherche en psychologie.

Psychomédia avec sources: Psychology Today, Procrastination Research Group, Carleton University Tous droits réservés