Un nouveau modèle pour décrire le trouble de la personnalité borderline (ou limite) est proposé dans le DSM-5 (1), 5e édition du manuel de référence pour les diagnostics en santé mentale publié par l'American Psychiatric Association en 2013 et utilisé internationalement.

Cette nouvelle conception s'inscrit dans le cadre d'un modèle alternatif pour les troubles de la personnalité en général qui est destiné à remplacer éventuellement le modèle actuellement en vigueur pour le diagnostic de ces troubles.

Les critères diagnostiques actuels pour 10 troubles de la personnalité, dont le trouble de la personnalité borderline, n'ont pas été modifiés depuis la publication du DSM-IV en 1994, laquelle n'avait pas proposé de changements importants par rapport au DSM-III paru en 1980.

Le modèle alternatif est présenté dans une section du manuel réservée aux modèles émergents sur lesquels les recherches doivent se poursuivre avant une adoption éventuelle.

Il résulte notamment d'une intégration à la psychiatrie, nouvelle, de l'apport de travaux menés depuis plusieurs décennies dans le domaine de la psychologie de la personnalité.

Le trouble de la personnalité borderline (ou limite)

Le nouveau modèle décrit le trouble de la personnalité borderline (ou limite) comme suit.

« Les caractéristiques typiques de ce trouble sont l’instabilité de l’image de soi, des objectifs personnels, des relations interpersonnelles et des affects, associée à l’impulsivité, à la prise de risque et/ou à l’hostilité. Les difficultés caractéristiques sont apparentes au niveau de l’identité, de l’autodétermination, de l’empathie et/ou de l’intimité, comme cela est décrit ci-après, avec des traits mal adaptés spécifiques dans le domaine de l’affectivité négative, de l’antagonisme et/ou de la désinhibition. »

Les critères diagnostiques

  1. Altération d’intensité au minimum moyenne du fonctionnement de la personnalité comme en témoignent des difficultés caractéristiques dans au moins deux des quatre domaines suivants :

    1. Identité : Image de soi appauvrie de façon marquée, peu développée ou instable, souvent associée à une autocritique excessive, à des sentiments chroniques de vide et à des états dissociatifs sous l’influence du stress.

    2. Autodétermination : Instabilité des objectifs, des aspirations, des valeurs ou des plans de carrière.

    3. Empathie : Incapacité de reconnaître les sentiments et les besoins d’autrui associée à une hypersensibilité personnelle (c.-à-d. prêt à se sentir blessé ou insulté), perception d’autrui sélectivement biaisée vers des caractéristiques négatives et des fragilités ou « points faibles ».

    4. Intimité : Relations proches intenses, instables et conflictuelles, avec manque de confiance, besoins affectifs excessifs et préoccupations anxieuses concernant un abandon réel ou imaginé ; relations proches souvent extrêmes, soit idéalisées, soit dévalorisées, alternant entre implication excessive et retrait.

  2. Au moins quatre des sept traits pathologiques de personnalité suivants, au moins l’un d’entre eux devant être : (5) impulsivité, (6) prise de risque ou (7) hostilité :

    1. Labilité émotionnelle (un aspect de l’affectivité négative) : expériences émotionnelles instables ou changements d’humeur fréquents, émotions facilement réveillées, intenses et/ou hors de proportion avec les événements et les circonstances.

    2. Tendance anxieuse (un aspect de l’affectivité négative) : sentiments intenses de nervosité, tension ou panique, souvent en réaction à des stress interpersonnels, préoccupations par les effets négatifs d’expériences passées et d’éventualités futures négatives ; se sent craintif, inquiet, menacé par l’incertitude ; peurs de s’effondrer ou de perdre le contrôle.

    3. Insécurité liée à la séparation (un aspect de l’affectivité négative) : peur d’être rejeté par des gens qui comptent ou d’être séparé d’eux, associée à des peurs d’une dépendance excessive et d’une perte complète d’autonomie.

    4. Dépressivité (un aspect de l’affectivité négative) : sentiments fréquents d’être au plus bas, misérable, sans espoir, difficultés à se remettre de tels états d’âme, pessimisme à propos du futur, sentiments envahissants de honte, sentiments d’infériorité, idées de suicide et conduite suicidaire.

    5. Impulsivité (un aspect de la désinhibition) : agit sur un coup de tête en réponse à des stimuli immédiats, dans l’instant, sans plan ou considération pour les conséquences, difficulté à élaborer ou à suivre des plans, vécu d’urgence et comportement d’auto-agression dans les situations de détresse émotionnelle.

    6. Prise de risque (un aspect de la désinhibition) : engagement dans des activités dangereuses, risquées, potentiellement auto-dommageables et superflues, sans penser aux conséquences ; ne se soucie pas de ses propres limitations et dénie la réalité d’un danger personnel.

    7. Hostilité (un aspect de l’antagonisme) : sentiments de colère persistants ou fréquents, colères ou irritabilité en réponse à des insultes et des affronts mineurs.

Pour poser le diagnostic, les critères suivants, qui sont communs à tous les troubles de la personnalité, doivent aussi être rencontrés :

  • (Critères C et D) Les altérations du fonctionnement et l'expression de traits sont relativement rigides et envahissent une large gamme de situations personnelles et sociales et sont relativement stables dans le temps, ayant débuté au plus tard à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

  • (Critères E, F et G) Les altérations du fonctionnement et l’expression de traits ne sont pas mieux expliquées par un autre trouble mental et ne sont pas seulement imputables aux effets physiologiques d’une substance ou à une autre affection médicale (p. ex. un traumatisme crânien grave).

Des caractéristiques additionnelles de personnalité peuvent être présentes dans la personnalité borderline mais ne sont pas exigées pour le diagnostic. Par exemple, des traits de psychoticisme (p. ex. une dysrégulation cognitive et perceptuelle).

Le modèle alternatif des troubles de la personnalité

Six troubles de la personnalité spécifiques sont définis au moyen du modèle alternatif :

Pour chacun de ces troubles :

Pour plus d'informations, voyez les liens plus bas.

(1) DSM-5, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders: DSM-5, 5th Edition, American Psychiatric Association, 2013. Traduction française : Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, Elsevier-Masson, 2015.

Psychomédia avec source : DSM-5.
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