La fibromyalgie peut être détectée de façon fiable au moyen d'échantillons de sang, ont montré des chercheurs dont les travaux sont publiés dans la revue Journal of Biological Chemistry

Kevin Hackshaw de l'Université d'État de l'Ohio et ses collègues (1) ont identifié des biomarqueurs métaboliques de la fibromyalgie qui permettent de la différencier d'autres maladies rhumatismales.

Cette découverte pourrait marquer un tournant important dans la prise en charge de cette maladie qui est souvent mal diagnostiquée ou non diagnostiquée, souligne le chercheur. (Fibromyalgie : les diagnostics des médecins divergent souvent des critères reconnus)

Pour diagnostiquer la fibromyalgie, les médecins s'appuient actuellement sur les renseignements déclarés par les patients au sujet d'une multitude de symptômes et sur une évaluation physique de la douleur, en se concentrant sur des points sensibles spécifiques, explique-t-il. (Diagnostic de la fibromyalgie : les 18 points douloureux à la pression)

Mais il n'y a pas de test sanguin ou quelque autre moyen clair et facile à utiliser pour fournir une réponse rapide.

Bien que la fibromyalgie soit actuellement incurable et que le traitement se limite à l'exercice, à l'éducation et aux antidépresseurs, un diagnostic précis présente de nombreux avantages, souligne le chercheur. (Prise en charge de la fibromyalgie : recommandations de l'EULAR)

« Il s'agit notamment d'écarter d'autres maladies, de confirmer pour les patients que leurs symptômes sont réels et non imaginaires, et de guider les médecins vers la reconnaissance de la maladie et un traitement approprié. » (15 maladies à ne pas confondre avec la fibromyalgie)

Et de nombreux patients non diagnostiqués se voient prescrire des analgésiques opioïdes puissants et addictifs qui ne se sont pas avérés bénéfiques pour les personnes atteintes de la maladie, indique-t-il.

« Dans les cliniques de douleur chronique, environ 40 % des patients sous opioïdes répondent aux critères diagnostiques de la fibromyalgie. La fibromyalgie s'aggrave souvent, et ne s'améliore certainement pas, avec les opioïdes. »

L'étude a été menée avec 50 personnes atteintes de fibromyalgie, 29 de polyarthrite rhumatoïde, 19 d'arthrose et 23 de lupus. (Quelles sont les différences entre arthrite, arthrose, polyarthrite rhumatoïde, goutte et lupus ?)

Les chercheurs ont analysé les échantillons de sang à l'aide de la spectroscopie vibrationnelle qui mesure le niveau d'énergie des molécules dans l'échantillon. Ils ont détecté des schémas clairs qui distinguent systématiquement les résultats des échantillons des personnes atteintes de fibromyalgie de celles atteintes d'autres troubles.

Ils ont d'abord analysé des échantillons provenant de participants dont ils connaissaient le diagnostic afin de pouvoir établir des profils de référence. Ensuite, à l'aide de deux types de spectroscopie, ils ont évalué les échantillons provenant des autres participants sans connaître leurs diagnostics, et ont classé avec précision chaque participant dans la catégorie de maladie appropriée en fonction d'une signature moléculaire.

L'objectif, a indiqué Hackshaw, est d'avoir un test prêt à être utilisé à grande échelle d'ici cinq ans.

Environ trois personnes sur quatre atteintes de fibromyalgie ne reçoivent pas de diagnostic précis, selon des recherches précédentes, et celles qui savent qu'elles ont la maladie ont attendu en moyenne cinq ans entre l'apparition des symptômes et le diagnostic, souligne-t-il. (Quelle est l'exactitude du diagnostic de fibromyalgie en médecine générale ?)

Éventuellement, ces travaux pourraient mener à l'identification d'une protéine ou d'un acide particulier, ou d'une combinaison de molécules, lié à la fibromyalgie, explique Luis Rodriguez-Saona, coauteur. Ce qui donnerait des indications sur les causes physiologiques de la maladie.

En plus d'identifier la fibromyalgie, la technique d'empreinte métabolique permettait aussi de déterminer la sévérité de la maladie.

Les chercheurs prévoient examiner 150 à 200 participants par groupe de maladies pour s'assurer que les résultats de cette étude peuvent être reproduits dans une population plus vaste et plus diversifiée.

Pour plus d'informations sur la fibromyalgie, voyez les liens plus bas.

Auteurs : Kevin V. Hackshaw, Didem P. Aykas, Gregory T. Sigurdson, Marcal Plans, Francesca Madiai, Lianbo Yu, Charles A. T. Buffington, M. Mónica Giusti et Luis Rodriguez-Saona.

Psychomédia avec sources : Ohio State University, Journal of Biological Chemistry.
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